6E ÉDITION
PERSPECTIVES
LA DURE RÉALITÉ DE L'INDUSTRIE DU CACAO

Points clés
Crise du chocolat : Il est temps d’agir
L’industrie du cacao est en pleine tourmente. La faiblesse de l’offre fait flamber les prix du cacao et les entreprises sont désormais confrontées aux pressions que les agriculteurs subissent depuis des années. Les cultivateurs ne peuvent assumer seuls ces risques.

Les initiatives dispersées ne suffisent pas à enrayer le phénomène. Une stratégie unifiée est nécessaire. Nous appelons les entreprises, les gouvernements, la société civile et les consommateurs à se mobiliser. Il s'agit d'une responsabilité collective.
Ensemble, unissons nos forces pour transformer l'avenir de la planète, des humains et des primates. Il est temps d'agir. Vous nous rejoignez ?
La transparence
renforce
la crédibilité et la responsabilité
ont communiqué toutes les données sur le travail des enfants
Le secteur du chocolat devient plus transparent.
De plus en plus d’entreprises se mobilisent, partagent leurs données et bâtissent une relation de confiance, comme le montre le Tableau de bord du chocolat.
La preuve ? Dans cette 6e édition, 82 % des grandes entreprises ont communiqué des données sur le travail des enfants, contre 58 % dans la 5e édition et seulement 45 % dans la 4e édition. Cette tendance est claire : la transparence gagne du terrain et, avec elle, la responsabilité.
Mais le chemin à parcourir est encore long. Votre marque favorite de chocolat participe-t-elle à ce mouvement ?
Distributeurs
Soyez
à la hauteur !
Si les entreprises du chocolat peuvent être transparentes, vous pouvez l'être aussi. Dans les rayons, vos produits de marque distributeur côtoient ceux des grandes marques, et les concurrencent au niveau des prix, de l'emballage et de l'approvisionnement. Mais en matière de responsabilité de la chaîne d'approvisionnement, la plupart des distributeurs sont à la traîne.
La réalité est la suivante :
1 distributeur sur 33 a obtenu une note verte.
4 distributeurs sur 33 ont obtenu une note jaune.
28 distributeurs sur 33 ont obtenu une note orange ou pire.
Les consommateurs exigent mieux. Serez-vous à la hauteur ?
Toxique et
Inacceptable

L’utilisation des pesticides reste dangereusement élevée. Elle empoisonne la santé des communautés agricoles, surtout celle des enfants et des femmes enceintes, et nuit à l’environnement. Le secteur n’en fait pas assez. Il y a très peu d’améliorations.
C’est inacceptable. Les entreprises 100 % biologiques et celles qui ont obtenu une note verte (CÉMOI, HALBA et Tony’s Chocolonely) sont la preuve que l’on peut faire mieux.
Le préjudice est réel. Des solutions existent. Qui sera le prochain à franchir le pas ?
Revenu vital
Prix justes
Plus
D'excuses

Tout le monde devrait avoir droit à un revenu vital. Pourtant, les entreprises n’ont pu confirmer un revenu vital que pour 16 % des cultivateurs. Il n’y a pas assez de preuves montrant un réel changement, trop de cultivateurs restent piégés dans l’extrême pauvreté.
Pendant ce temps, à l’autre bout de la chaîne d’approvisionnement, les consommateurs font face à la shrinkflation et à la flambée des prix. Qui en profite vraiment ?
Le système est dysfonctionnel. Il est grand temps de le réparer.
Déforestation
Réglementation
BESOIN
d'une action
mondiale
56%

Cacao traçable et sans déforestation
Depuis que des réglementations ont été mises en place, plus de la moitié (56 %) de l’approvisionnement en cacao est maintenant traçable et sans déforestation, ce qui démontre l’efficacité de ces mesures.
Mais nous n’y sommes pas encore. Il est temps de prendre des engagements à l’échelle mondiale et de renforcer la réglementation pour assurer une chaîne d’approvisionnement exempte de toute déforestation. Les promesses sont insuffisantes : nous avons besoin d’une application, d’une prise de responsabilité et d’actions concrètes.
Qui se lancera en premier ?
Travail des enfants
Un petit pas
ne sert à rien
Il faut
un bond de géant

Il est notoire que le travail des enfants est endémique en Afrique de l’Ouest, mais nous n’en mesurons toujours pas l’ampleur. Les entreprises nous ont transmis plus de 1 000 documents, études, politiques, projets-pilotes et évaluations pour le Tableau de bord du chocolat (oui, nous les avons tous examinés).
Bien que ces sociétés aient progressé, le travail des enfants est toujours une réalité préoccupante, vingt-cinq ans après les promesses initiales d’y mettre fin. Les petits pas ne suffisent plus. Le secteur doit faire un grand saut en avant : innover, s’attaquer aux causes profondes et opérer un véritable changement systémique.
Le temps des demi-mesures est révolu.
Qui est prêt à prendre les devants ?
À grande richesse, grandes responsabilités
Ensemble, les six géants mondiaux du chocolat réalisent un chiffre d’affaires de plus de 215 milliards de dollars. Le PIB cumulé du Ghana et de la Côte d’Ivoire, les deux principaux producteurs de cacao, s’élève quant à lui à environ 155 milliards de dollars.
Ces entreprises peuvent impulser un véritable changement, et elles en ont les moyens. Pourtant, trop de cultivateurs pris au piège de la pauvreté quand les géants du chocolat continuent d’engranger d’importants bénéfices.
Le PIB cumulé du Ghana et de la Côte d’Ivoire
$155
milliards de $ US
Les 6 géants mondiaux du chocolat
$215
milliards de $ US
Il est grand temps que les principaux acteurs du secteur agissent. S’engageront-ils à le faire ?

Traçabilité et transparence
Si vous ne voyez pas le problème, vous ne pourrez pas le résoudre.

Les entreprises doivent être plus transparentes et plus disposées à prendre leurs responsabilités.
La traçabilité n’est pas qu’un terme à la mode, elle est cruciale pour résoudre de nombreux défis dans l’industrie du cacao. Sans connaître l’origine du cacao, les méthodes de sa culture et les conditions de vie de ceux qui le cultivent, nous sommes dans le brouillard. La transparence exige que les entreprises divulguent sans réserve leurs pratiques et leurs données en matière d’approvisionnement. Cela implique de rendre des comptes, d’agir et de travailler ensemble.
Le refus d’une entreprise de participer à une initiative, comme le Tableau de bord du chocolat, est déjà en soi un signal d’alarme.
Cela révèle un manque de transparence et un refus de rendre des comptes. Si les entreprises dissimulent leurs chaînes d’approvisionnement, comment pouvons-nous être sûrs qu’elles agissent correctement ?
La traçabilité s’améliore : les entreprises peuvent maintenant suivre une grande partie du cacao jusqu’au niveau du pays. De plus, la traçabilité à l’échelle des coopératives de producteurs et des exploitations individuelles connaît une hausse significative. De plus en plus d’entreprises adoptent des méthodes d’approvisionnement séparées ou de « préservation d’identité » (où le cacao peut être tracé tout au long de la chaîne d’approvisionnement) plutôt que de continuer à utiliser des bilans de masse (où le cacao certifié et non certifié est mélangé).
Revenu vital
Les cultivateurs se débattent
Une hausse des prix du cacao devrait théoriquement se traduire par une augmentation des revenus pour les producteurs. Cependant, pour de nombreux cultivateurs, la réalité est tout autre.
moins de cacao
prix fixes inférieurs de moitié au prix du marché
hausse des coûts de production
Les producteurs de cacao d’Afrique de l’Ouest voient leurs récoltes diminuer. Si les prix sont en hausse, ils ont moins de récoltes à vendre, ce qui entraîne une baisse des rendements et une hausse des coûts.
La situation est catastrophique en Côte d’Ivoire et au Ghana. Ce sont les législateurs gouvernementaux qui fixent le prix au producteur, mais, en 2024, il représentait moins de la moitié du prix du marché mondial. Les agriculteurs doivent donc vendre leur cacao à un prix dérisoire, tandis que le reste du monde paie des prix records.
Même dans les pays où les agriculteurs sont mieux rémunérés, les bénéfices sont souvent maigres. Le coût de la vie augmente. La production de cacao devient plus coûteuse et plus longue, avec des réglementations plus strictes et des acheteurs plus exigeants. L’argent supplémentaire généré par les ventes de cacao ne garantit pas nécessairement un revenu vital.
ET L’AVENIR ?
Il est incertain. Des pays comme l’Équateur et le Brésil investissent massivement dans la production de cacao. Dans un proche avenir, leurs arbres atteindront leur plein potentiel de rendement. Cependant, cela pourrait entraîner un effondrement des prix, laissant les agriculteurs dans une situation encore pire qu’auparavant.
QUE FONT LES ENTREPRISES ? PAS ASSEZ POUR SÉCURISER L’AVENIR.
Les entreprises se félicitent de leurs engagements, mais les chiffres nous montrent qu’il faut redoubler d’efforts :
L’ENTREPRISE SAIT-ELLE COMBIEN D’AGRICULTEURS GAGNENT UN REVENU VITAL DANS LEUR CHAÎNE D’APPROVISIONNEMENT ?
OUI - gagnent un revenu vital
NON - ne gagnent pas un revenu vital
Ne savent pas si c'est l'un ou l'autre
79 % des grandes entreprises et 87 % des distributeurs affirment avoir une politique qui énonce que le revenu vital est un droit humain fondamental. Cependant, cette politique ne semble pas toujours s’appliquer aux producteurs de cacao.
Bien que ces politiques soient en place, dans les faits, les entreprises peuvent confirmer que seulement 16 % des producteurs de cacao parviennent à gagner un revenu vital. Elles savent que 47 % d’entre eux ne gagnent pas suffisamment pour vivre décemment, et que, pour les 37 % restants, elles n’ont aucune idée de leur situation.
Voici l’enjeu principal : seulement 49 % des grandes entreprises et 53 % des détaillants ont effectivement adopté des politiques de paiement d’un prix pour le cacao qui garantirait aux agriculteurs un revenu vital. Cependant, si l’on considère le volume de cacao, la situation est encore plus préoccupante.
Seulement 37 % du volume de cacao est couvert par des politiques de revenu vital pour les cultivateurs.
Les petites entreprises, quant à elles, font beaucoup mieux : plus de 95 % de leurs agriculteurs gagnent un revenu vital.
Travail des enfants
Une promesse trop lointaine
En 2001, le secteur du chocolat a fait une promesse audacieuse : mettre fin au travail des enfants dans la culture du cacao. Il avait établi des échéances, les a dépassées et en a fixé de nouvelles. Il s’était engagé à ce qu’aucun enfant ne travaille dans des conditions dangereuses dans les plantations de cacao d’ici 2020. Pourtant, en 2025, cette promesse n’a toujours pas été tenue.
1,5 million
d'enfants
travaillent-ils encore
dans les plantations de cacao ?

Le dernier grand projet de recherche, mené en Côte d’Ivoire et au Ghana, date de sept ans déjà, et les chiffres étaient alarmants. Aujourd'hui, là où les enfants travaillent encore, ils portent de lourdes charges, manipulent des pesticides toxiques et manquent l’école. On leur vole leur enfance, on entrave leur développement et on remet en question leur avenir.
L’industrie a fait des avancées notables, mais il reste encore beaucoup à faire
Les 60 entreprises et 47 % des distributeurs qui ont participé ont tous adopté des politiques visant à contrôler, remédier, réduire et éliminer le travail des enfants. Toutes les entreprises et 47 % des distributeurs ont mis en place des systèmes pour lutter contre le travail des enfants.
Les entreprises sont de plus en plus transparentes, un signe positif qui montre qu’elles sont non seulement prêtes à s’ouvrir, mais qu’elles ont aussi de meilleures données à leur disposition.
MOYENNES ET GRANDES ENTREPRISES ENTREPRISES SIGNALANT LES CAS DE TRAVAIL DES ENFANTS
- Yes
- No
La transparence s'améliore. En 2023, seules 45 % des entreprises partageaient des données sur le travail des enfants. En 2025, ce chiffre est passé à 82 %.
Le champ d’application des systèmes de suivi et de remédiation du travail des enfants (comme le SSRTE, mais pas seulement) s’étend. Les systèmes mis en place par les entreprises couvraient 63 000 ménages en 2023 et 70 000 en 2025. Un grand nombre de ces systèmes sont le fruit de l’adhésion et du soutien de l’International Cocoa Initiative (ICI).
Si les entreprises ne peuvent repérer les cas, elles ne peuvent pas y remédier.
POURCENTAGE D'ENFANTS VICTIMES DU TRAVAIL DES ENFANTS (TEL QUE RAPPORTÉ PAR LES ENTREPRISES)
- Yes
- No
Les entreprises ont identifié environ 11 enfants en situation de travail des enfants pour 100 enfants couverts par le système. Cela représente une diminution par rapport au taux de 14 cas pour 100 enfants en 2024.
Malgré ces efforts, les systèmes actuels doivent encore s’étendre et passer complètement du signalement à une véritable remédiation. Cela exigera un effort constant d’innovation, d’amélioration et d’une prise en compte accrue des facteurs sous-jacents.
Déforestation
Une crise qui s'annonce
Aujourd’hui, l’Afrique de l’Ouest produit près de 75 % de la production mondiale de cacao. Ce coût est toutefois dévastateur. En effet, au cours des 60 dernières années, la Côte d’Ivoire a perdu 94 % de ses forêts et le Ghana 80 %. Un tiers de ces pertes ont été causées par l’expansion des plantations de cacao.
Le bassin du Congo (qui s’étend du Cameroun au Gabon et à la République du Congo) est la plus grande forêt tropicale d’Afrique et abrite des gorilles, des chimpanzés et d’innombrables autres espèces. Malheureusement, il est actuellement menacé.
Dans le bassin du Congo, la culture du cacao entraîne une déforestation sept fois plus rapide que les autres cultures. La protection des dernières forêts tropicales du monde est de la plus haute importance.


94 %-80 %
de perte forestière au cours
des 60 dernières années
75 %
du cacao mondial vient d'Afrique de l’Ouest, principalement de la Côte d’Ivoire et du Ghana
Lutter contre la déforestation
Le secteur s’efforce de lutter contre la déforestation. Les entreprises et les gouvernements de Côte d’Ivoire, du Ghana, de Colombie et du Cameroun se sont engagés à mettre fin à la déforestation liée au cacao dans le cadre de l’initiative Cacao et Forêts (ICF). De nouvelles réglementations, comme le Règlement sur la déforestation de l’Union européenne (RDUE), visent également à lutter contre la déforestation.
Le secteur a réagi par des promesses, mais il y a encore des zones d’ombre.
Les entreprises ont pris des mesures pour combattre la déforestation.
Les mesures
98 %
ont adopté des politiques de lutte contre la déforestation.
90 %
se sont engagés pour des chaînes d'approvisionnement sans déforestation.
82 %
ont pris des engagements pour tous leurs achats de cacao, 76 % visant à les atteindre d’ici 2025.
LE CACAO EST-IL SANS DÉFORESTATION ?
Connu pour être sans déforestation
Avec déforestation ou origine inconnue
Résultats
Les entreprises utilisent des outils pour contrôler leurs engagements. 98 % d’entre elles utilisent des données de géolocalisation (points GPS ou polygones) pour cartographier les plantations de cacao.
Toutefois, seulement un tiers de ces entreprises combinent ces données avec des cartes montrant les zones de déforestation (télédétection) ou effectuent des contrôles sur le terrain pour vérifier leurs résultats.
Seulement 56 % du cacao acheté par les entreprises est garanti sans déforestation. Les 44 % restants, 3 millions de tonnes, proviennent de zones déboisées ou de sources inconnues.
Le RDUE : une échéance imminente
Au 30 décembre 2025, tout le cacao entrant dans l’UE devra être exempt de déforestation et traçable. Les entreprises qui se sont engagées à ce que 100 % de leur production soit sans déforestation d’ici à 2025 achètent déjà du cacao sans déforestation.
Cependant, seuls 72 % de leur volume de cacao sont certifiés sans déforestation. Plus d’un million de tonnes proviennent encore de sources déboisées ou inconnues.
Pendant ce temps, ce sont les cultivateurs qui doivent supporter cette charge. De nombreuses entreprises choisissent d’abandonner les agriculteurs ne respectant pas les normes du RDUE, les laissant sans soutien ni alternative.

Agroforesterie
Un moyen de guérir la planète
Le cacao a été un facteur majeur de déforestation, mais il peut aussi devenir un moyen de reverdir la planète. Imaginez un monde où les plantations de cacao deviendraient des écosystèmes luxuriants et variés, où les cacaoyers s’épanouiraient aux côtés d’arbres fruitiers, d’arbres à bois et de plantes d’ombrage. C’est ce qu’on appelle l’agroforesterie, et cela peut changer la planète.
La monoculture du cacao rend les exploitations vulnérables aux sécheresses, aux inondations, aux parasites et aux maladies. Cela nuit à la biodiversité et inévitablement aux producteurs. Alors qu’avec l’agroforesterie, tout le monde y gagne.
Les avantages de l'agroforesterie
A
Capture plus de carbone, contribue à lutter contre le changement climatique.
B
Améliore la santé des sols et retient l'humidité, améliorant ainsi la résilience des plantations.
C
Favorise la biodiversité en créant des habitats pour les oiseaux, les insectes et d'autres espèces sauvages.
D
Diversifie les revenus des cultivateurs, qui ne dépendent plus uniquement du cacao.
Lorsque les agriculteurs pratiquent la polyculture, ils ne sont plus à la merci des fluctuations des prix du cacao. Ils peuvent mieux nourrir leur famille, gagner leur vie tout en protégeant la planète.
Monoculture en plein soleil
Systèmes agroforestiers diversifiés
Forêt primaire avec empiètement (ou risque d'empiètement) de nouvelles plantations de cacao

La réalité : Le potentiel inexploité de l'agroforesterie
Des définitions vagues
Moins de la moitié
des grandes entreprises vont au-delà des cadres élémentaires.
Une échelle trop petite
6 000 cultivateurs = 1 %
de la totalité de leurs achats
Un accompagnement insuffisant
90 % des arbres autres que des cacaoyers
plantés en agroforesterie meurent
L'agroforesterie gagne du terrain, mais elle est encore loin de réaliser son plein potentiel.
Les définitions sont vagues. Pour certaines entreprises, l’agroforesterie se résume à la plantation d’arbres d’ombrage. D’autres s’appuient sur les normes de Rainforest Alliance ou de l'initiative Cacao et Forêts (ICF), qui sont souvent incomplètes ou optionnelles. Moins de la moitié des grandes entreprises ont dépassé ces cadres élémentaires.
L’échelle est souvent trop petite. Par exemple, un projet impliquant 6 000 cultivateurs peut sembler impressionnant, mais, lorsqu’une entreprise s’approvisionne auprès de centaines de milliers de cultivateurs, ce chiffre ne représente qu’une infime partie de l’ensemble. Pour certaines entreprises, 6 000 agriculteurs représentent moins de 1 % de leurs achats totaux.
L’accompagnement est insuffisant. Les engagements sont souvent vagues, les objectifs étant fixés pour 2030 ou plus tard. En l’absence d’un suivi approprié, jusqu’à 90 % des arbres autres que des cacaoyers plantés dans le cadre de projets d’agroforesterie finissent par mourir.
Les projets agroforestiers sont spécifiques à chaque région. Ce qui fonctionne au Ghana ne fonctionnera peut-être pas en Équateur. Pourtant, moins de deux tiers des entreprises ont adopté des mesures propres à chaque pays.
Pesticides
Une crise silencieuse
Chaque année, 44 % des agriculteurs et des travailleurs agricoles dans le monde souffrent d’une intoxication aiguë aux pesticides. Le cacao ne fait pas exception à la règle : les enfants sont exposés à ces produits chimiques toxiques et sont exposés à des risques de brûlures chimiques, de migraines, de vomissements, de paralysie, et même à la mort.
Les pesticides sont aussi dévastateurs pour l’environnement, car ils tuent les pollinisateurs dont dépendent les cacaoyers, comme les moucherons. Ces pollinisateurs sont très sensibles aux produits chimiques régulièrement utilisés dans les plantations de cacao.
Politique relative aux pesticides
13%
des grandes entreprises
33%
des distributeurs
n’ont même pas adopté de politique sur les pesticides
1 million de tonnes de cacao produites sans aucune garantie
Certifications
31%
des grandes entreprises
67%
des distributeurs
s’appuient uniquement sur des programmes de certification du type Rainforest Alliance ou Fairtrade. C'est un bon début,
mais ça ne suffit pas.
Les entreprises ont commencé à prendre conscience du problème. Près de la moitié des grandes entreprises ont identifié des produits chimiques spécifiques à éliminer progressivement. Mais l’étape suivante, à savoir collecter activement des données et accompagner les agriculteurs dans leur transition vers des pratiques plus sûres, tarde à se concrétiser. Il faut par exemple trouver un moyen sûr de se débarrasser des contenants de pesticides. Dans ce domaine, les entreprises ne s’engagent pas encore assez activement.
Seuls 20 % des entreprises collectent activement des données sur les pesticides dans leurs chaînes d’approvisionnement.

Égalité femmes-hommes
Un facteur négligé de la durabilité
Les femmes sont souvent impliquées à parts égales dans la cacaoculture. Pourtant, la culture du cacao est traditionnellement considérée comme un « travail d’homme ». Les agricultrices sont désavantagées par des normes culturelles, institutionnelles et sociales fondées sur le genre. Elles ont souvent moins accès aux formations, aux financements, à la propriété foncière et à d’autres ressources que les hommes. Pour que la chaîne d’approvisionnement en cacao soit véritablement durable, les différentes initiatives doivent donc inclure des moyens de remédier à ces inégalités.
Les recherches montrent que l’égalité femmes-hommes :
Réduit le travail des enfants. Les femmes autonomes sont plus susceptibles de scolariser leurs enfants.
Améliore le bien-être de la famille. Les femmes instruites investissent dans la santé, la nutrition et l’éducation de leur famille. Leurs enfants sont moins susceptibles d’être impliqués dans des travaux dangereux.
Renforce la durabilité. Les exploitations agricoles dirigées par des femmes adoptent souvent des pratiques plus durables.
En outre, l’accent mis sur l’égalité des sexes peut contribuer à améliorer le bien-être de toute la famille.



Des chiffres encourageants
80%
des entreprises ont adopté une stratégie d'égalité
73%
tiennent compte du genre dans leurs politiques contre le travail des enfants
56%
tiennent compte du genre dans leurs programmes sur le revenu vital.
La prochaine étape consistera à traduire ces stratégies en pratiques concrètes qui fonctionnent dans les communautés agricoles réelles. C'est la deuxième année que l'égalité de genre est incluse dans le Tableau de bord du chocolat. Dans la prochaine enquête, nous nous concentrerons davantage sur l'application et l'impact.
Chaîne d'approvisionnement
67%
des entreprises savent combien de femmes occupent des postes de direction au sein d'une ou de plusieurs coopératives agricoles auprès desquelles elles s'approvisionnent.